Un pasteur célèbre: Charles Wagner
Charles Wagner, né en 1852 et mort en 1916 est un pasteur libéral français.
Charles Wagner est né en 1852 à Vibersviller, en Lorraine, dans une famille de pasteurs luthériens. En 1854 la famille Wagner s’installe à Tieffenbach, en Alsace. Son enfance rurale sans contraintes fut attristée par la mort de son père en 1859 et l’enfant, élevé par sa mère et son grand-père pasteur, partagea la rude vie des paysans alsaciens à Ottwiller. Il fit ses études de théologie à Paris et Strasbourg où il rencontra sa future épouse.
Après son diplôme, il passa quelques mois en Allemagne, à Göttingen et Heidelberg, avant de rentrer prendre son premier poste pastoral à Barr, en Alsace (sous administration allemande). Puis après quatre années à Remiremont, dans les Vosges, Charles Wagner accepta en 1883 un ministère proposé par le Comité Libéral auprès des familles protestantes libérales parisiennes.
Il décide rapidement de créer sa propre paroisse et commence en utilisant une des pièces de son appartement comme temple. Ses premiers paroissiens sont un mélange d’intellectuels (l’éditeur Fischbacher, le directeur de l’École Alsacienne, etc..) et d’ouvriers des faubourgs et de Paris. Peu à peu son audience croît, et son cercle de relations et d’amis (T. Fallot, Raoul Allier, Jalabert, E. Coquerel, Théodore Monod) s’élargit. Sa théologie moderne et indépendante l’éloigne de toutes les orthodoxies : « Je ne suis ni protestant, ni catholique, ni juif, mais un peu tout cela à la fois, non en sceptique qui rit de tout, mais en croyant qui croit plus que ce que contiennent les formules. »
Poète depuis sa jeunesse, et orateur captivant, il commence sa carrière littéraire en 1890 avec « Justice » qui connut de modestes débuts en France. Mais ce furent surtout « Jeunesse » (1892) et « La Vie Simple » (1895) qui le firent connaître à un large public et hors des frontières françaises. Puis viennent « L’évangile et la vie » (1896), « Auprès du foyer » (1896) et en 1897 « Sois un homme ». La maladie, puis la mort de son fils en 1899 lui inspirent « L’Ami », paru en 1902, merveilleux ouvrage de réconfort dans l'épreuve, d'enseignements humains et fruit parfois poétique d'une grande sagesse. Le lendemain de la mort de son fils, il lui écrit, dans son Journal : « Tu vivras dans le cœur de ton père et dans sa voix. Désormais, tu monteras en chaire avec lui, et ; avec lui, tu iras chez ceux qui souffrent et pleurent. Je ne consentirai pas à ta mort ; ce serait consentir à ce que Dieu ne veut pas, car il ne veut qu’aucun de ces petits ne périsse. »
De 1900 à 1906, Charles Wagner redouble d’activité pastorale et associative. La Ligue de l’enseignement, la Ligue d’Éducation morale, les Universités populaires, l’École d’assistance aux malades de la rue Amyot s’assurent de son aide, comme plus tard la Sorbonne et même l’Instruction publique. À la demande de Ferdinand Buisson il contribuera au Manuel général de l’instruction primaire. Avec ce dernier, il écrivit d’ailleurs en 1903 « Libre pensée et protestantisme libéral » pour expliquer sa théologie, et la mesurer aux idées du siècle.
C’est en 1904, qu’à la demande du Président Théodore Roosevelt qui avait lu une traduction de « La Vie Simple », que Charles Wagner s’embarque pour une tournée aux États-Unis; il y restera 2 mois et en tirera un livre « Vers le cœur de l’Amérique » qui décrit son expérience. Avant son départ, il fut reçu à la Maison Blanche et Théodore Roosevelt déclara : « S’il y a un livre que je souhaite voir lire par notre peuple entier, c’est « La Vie Simple » de Charles Wagner. »
C’est avec les bénéfices de sa collecte de fonds lors de cette tournée américaine que Charles Wagner pourra financer la construction du « Foyer de l’Âme », la paroisse libérale indépendante dont il caressait le projet depuis longtemps.
Mais c’est en France, qui vit les tribulations de la séparation entre l’Église et l’État, que Charles Wagner déploie toutes ses énergies pour éviter les schismes entre églises protestantes. Comme ses amis Élie Gounelle ou Wilfred Monod, Charles Wagner ne veut pas accepter la division qui affaiblit l’Église Réformée depuis les années 1850. A l’assemblée de Jarnac, en 1906, il prie les réformés de ne pas céder aux démons de la désunion. Son merveilleux discours resta sans effets. La désunion consommée, il finira par rejoindre le synode libéral en 1916.